Dossier : prévenir l’addiction aux jeux


L’adolescent traverse un âge de changement, qui s’accompagne de nouvelles expériences et quelquefois de tentations. Il commence à explorer ses choix, à affirmer ses goûts, à se construire, parfois à l’opposé des choix de ses parents.

Ces prises de risque, souvent rebelles et sources de conflits, n’ont rien d’anormal , mais étant encore en plein développement, l’adolescent est vulnérable. Il peut finir par s’y laisser tenter et franchir l’étape de la dépendance.

Si l’addiction aux stupéfiants constitue à juste titre une grande crainte chez les parents, l’addiction aux jeux n’est pas non plus à sous-estimer. Il existe notamment deux grandes familles d’addiction aux jeux pouvant toucher l’adolescent. Et dans l’un comme l’autre, la prévention reste la stratégie la plus efficace.

Quand on parle de prévention, il s’agit surtout de détecter les signes avant-coureurs pouvant déboucher sur une dépendance, puis d’intervenir en conséquence.

Les jeux vidéo

Dans le cas des jeux vidéo, on parle plutôt de trouble du jeu vidéo. L’adolescent passe un temps déraisonnablement long à la pratiquer (jusqu’à 8 heures par jour). Il peut même finir par organiser sa vie autour de cette activité, en dépit des difficultés qui en découlent.

On observe d’ailleurs l’intensification de la pratique, malgré ses effets négatifs. Ceci afin d’échapper aux aspects désagréables de sa vie (corvées, devoirs) et à un mal être.

Les signes avant-coureurs de trouble de jeu vidéo

Une pratique des jeux vidéo allant jusqu’à 240 minutes par jour est déjà un signe très parlant. Cet investissement peut s’accompagner de changements comme la baisse des performances scolaires, retards, des comportements déplacés (insulte, colère) lorsqu’on le détache de ses écrans. Il y a aussi lieu de s’inquiéter quand le jeu a un impact sur le sommeil ou l’alimentation.

Si l’adolescent présente en plus des difficultés d’adaptation en société et que ses rapports avec les parents sont plus ou moins dégradés, il est important de garder un œil attentif sur lui.

Que faire pour prévenir l’addiction aux jeux vidéo ?

Le rôle des parents est essentiel pour détecter ces problèmes et éviter que l’adolescent ne glisse vers des comportements problématiques durables. C’est particulièrement parlant lorsqu’il s’agit de poser un cadre strict sur la pratique du jeu vidéo.

Il faut savoir que l’initiation précoce aux écrans, le laxisme des parents ou même un modèle parental déficient peuvent pousser vers les jeux vidéo avec une passion excessive. Dans tous les cas, pour contrer l’addiction, la présence active des parents demeure impérative. Limites claires sur le temps d’écran, enrichissement de la vie de l’adolescent par diverses activités, repérage des ruptures (résultats scolaires, isolement).

De nos jours, beaucoup de ressources sont déjà en place pour permettre aux parents et aux adolescents de se faire accompagner. Lorsque l’hypothèse d’une addiction est probable, il est possible de se tourner vers :

  • Les Centres de Soin, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA)
  • Les Consultations Jeunes Consommateurs (CJC) au sein des CSAPA ou d’autres lieux destinés à l’accueil d’adolescents.

Les jeux d’argent

Contrairement aux jeux vidéo, les jeux d’argent sont déjà entourés d’une foule de balises dans nos sociétés, dans l’objectif de prévenir le jeu précoce et l’addiction potentielle. La plus importante de toute reste l’interdiction de tous les jeux d’argents et de hasard aux moins de 18 ans.

Ainsi, la loi oblige les casinos à refouler les mineurs, qu’il s’agisse d’un casino terrestre ou d’un casino en ligne virtuels. Il en va de même pour la consommation de tout divertissement en rapport avec les jeux d’argent et de hasard, y compris les offres de la Française des Jeux. En principe, les tickets à gratter, les paris sportifs et autres lotos ne peuvent être vendus aux mineurs. Toutefois, comme la tentation est partout, il peut être utile de prévenir certains risques qui touchent particulièrement ce public plus fragile.

Quels sont les signes d’addiction aux jeux d’argent ?

Malgré toutes les protections censées être offertes par la législation française, l’Agence Nationale des jeux a révélé que plus d’un tiers des 15–17 jouent aux jeux d’argent (2021), avec 12 % d’adolescents à jeu problématique. En effet, les adolescents ont tout autant de chances de développer une dépendance aux jeux d’argent que les adultes.

L’addiction se profile lorsque l’adolescent a du mal à arrêter de parier. Au lieu de décourager, les pertes vont le pousser à « se refaire », donc à miser encore plus. Le jeu commence aussi à s’immiscer dans sa vie. Ainsi, il va allouer une part importante de son argent de poche aux paris, voire faire des efforts pour trouver de l’argent pour jouer. En un mot, les symptômes de la ludopathie sont les mêmes chez les publics adultes et adolescents à ceci près que l’interdiction de jouer pèse plus lourdement sur l’adolescent.

Prévenir l’addiction aux jeux d’argent

L’interdiction s’avère être difficile dans ce domaine comme dans tous les autres domaines de l’addiction. Effectivement, malgré tout ce que l’on peut penser, les jeux d’argent sont faciles d’accès et le matraquage publicitaire envahit constamment notre environnement (médiatisation des jeux loteries, tournois de poker, etc…). Il est d’ailleurs impossible aux parents de traquer tous les faits et gestes de leurs enfants.

Comme dans tous les domaines sensibles, la prévention de l’addiction au jeu se fait donc par la sensibilisation. L’adolescent doit être informé des risques qu’il encourt à parier, que ce soit dans le domaine psychologique, social ou financier. Et ce, de manière à le faire réfléchir.

En ce sens, les entités publiques ou privées mènent déjà diverses actions. Cependant, la sensibilisation doit venir en premier lieu des parents. En effet, certains adolescents ont été introduits aux jeux par leurs parents, qui leur font choisir les numéros de lotos ou de tiercé, les associent à leurs paris sportifs ou leur offre des cartes à gratter. Ceux-ci ont donc le devoir d’éviter une initiation précoce et une certaine banalisation des jeux.

Naturellement, il existe des ressources pour parents et adolescents, afin qu’ils puissent faire face à de potentielles dérives :

  • Joueur-info-service.fr, édité par Santé publique France (.joueurs-info-service.fr)
  • Pasdujeu.fr, une coopération de l’association E-enfance et de BetClic Group. (pasdujeu.fr)

Des jeux pour sensibiliser à l’addiction

Existe-t-il des jeux pour contrer l’action délétère des machines à sous, du poker ou des cartes à gratter sur les adolescents ? C’est l’idée de l’association de chercheurs Arbre des Connaissances (ADC). Elle a mis sur pied « Jouer à Débattre ». (jeudebat.com). Un jeu dont le concept est de susciter l’intérêt des jeunes pour la science.

Pour ce faire, ADC expose des connaissances, soulève des questions et aide les jeunes à s’approprier des sujets complexes à l’aide de supports innovants. Depuis 2016, Jouer à Débattre a ainsi développé 4 sous-jeux, avec leur thématique sous-jacente. « L’addiction » questionne ainsi sur les mécanismes de la dépendance, en abordant le fonctionnement du cerveau et les causes qui mènent à l’addiction.

La thématique invite un groupe de jeunes adolescents dans un jeu de rôle, où ils seront confrontés à diverses substances en vue de réunir des objets fossiles pour sauver l’humanité. Chaque étape du scénario invitera les participants à réfléchir sur la prise de risque. En plus d’être pédagogique, Jouer à Débattre devient ainsi un sensibilisateur aux questions d’addiction en tout genre. Ce type de solution est dédiée aux professionnels éducatifs en contact avec les adolescents à risque, qui pourront les imprimer et les utiliser. Ils sont disponibles en ligne gratuitement, accompagnés de ressources supplémentaires.

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